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LCI : un choix éditorial et des audiences à confirmer

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LCI : un choix éditorial et des audiences à confirmer

Après 30 ans d’existence, LCI serait-elle de retour sur le devant de la scène ? Il semblerait dans tous les cas que la chaîne, disponible sur le canal 26 de la TNT, souhaite secrètement bousculer le paysage de l’information.

Le déclencheur des parts d’audience

Selon les audiences TV de novembre 2022 (ci-dessous) dévoilées par Mediamétrie, la palme de la hausse la plus importante sur un an est attribuée à LCI (groupe TF1), avec +0,9 point. Avec 2% de part d’audience, elle occupe désormais la 13e position.

La chaîne s’est rapidement enorgueillie de cette hausse, particulièrement face à sa concurrente BFMTV. Si cette dernière occupe la 9e position du classement (et 1ʳᵉ chaîne info, comme le compare la publicité malicieuse de l’émission Captal de M6 ci-dessus), elle grignote légèrement son avance de -0,1 point sur la période novembre 2021-2022.

« Là où il y a un an, elle regardait nerveusement dans le rétroviseur en voyant franceinfo grappiller quelques parts d’audience, elle peut de nouveau espérer rivaliser avec les premiers de la classe. Un retour aux avant-postes qui s’explique notamment par la fin d’une incongruité : sa courbe d’audience s’est inversée  », explique Cyril Lacarrière dans La chronique médiatique sur France Inter.

Comment la chaîne d’informations, qui était encore à la 21e place en janvier selon Médiamétrie, a réussi à rattraper son retard ?

Le dossier ukrainien

La chaîne du groupe TF1 a-t-elle effectué un virage à 360° ? Il semblerait qu’elle a surtout abandonné la bataille du buzz qu’elle opérait avec CNews, suite à un rappel à l’ordre de Gilles Pelisson, lorsqu’il était PDG du groupe TF1. LCI a occupé alors un mono-créneau très particulier : le dossier ukrainien.

En effet, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, la guerre occupe presque chaque minute de son temps d’antenne. « Matin, midi, soir, le dossier ukrainien est épluché par les journalistes de sa rédaction et ses experts invités. Un choix qui paye, mais qui provoque aussi quelques railleries chez les concurrents. Certains reprochent à LCI de donner la parole à des personnalités pas très recommandables… ou de surfer sur ce conflit pour se refaire une santé  », poursuit Cyril Lacarrière.

« L’Ukraine s’est malheureusement imposée, confie Bastien Morassi, directeur de la rédaction de LCI. Passé la sidération, nous avons fait ce choix assez radical pour comprendre. Nous avons augmenté notre offre au fur et à mesure, effectué une couverture sur le terrain plus forte que la concurrence ». 

Radicaliser ou non les choix éditoriaux

Si le sujet ukrainien a occupé la majorité du temps d’antennes, la question éditoriale se pose. Faut-il ou non favoriser le temps long autour d’un sujet majeur ou traiter l’information telle qu’elle se présente ?

« Je crains que l’Ukraine nous occupe encore quelque temps. La ligne directrice reste le décryptage et le temps long, car il est nécessaire de bien comprendre ces enjeux qui ont des conséquences sur notre vie quotidienne. Après l’Ukraine, ce sera l’Iran, la Chine…», explique Bastien Morassi.

Si LCI n’a grignoté aucune part d’audience sur les chaînes concurrentes (BFMTV affiche 2,7% de PDA), le traitement éditorial doit être une base pérenne pour une chaîne et ses audiences.

Pour Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, les choix éditoriaux pèsent dans la balance. « BFMTV s’adresse à tous les publics et traite tous les sujets. Le mois de novembre a été particulier, car aucun titre majeur ne s’est imposé. Notre devoir journalistique exige que nous regardions tous les sujets : l’inflation, le pouvoir d’achat, les pénuries…Il est nécessaire de traiter l’actualité telle qu’elle est  », nous explique-t-il.

Si BFMTV touche tous les âges à toutes les heures, de son côté, LCI rajeunit quelque peu son audience avec une multiplication par deux des 25-49 ans (de 0,4% à 0,8%) notamment grâce au traitement du conflit ukrainien et son attrait pour la jeunesse. Néanmoins, 63,8% de l’audience a plus de 65 ans, contre 45% pour BFMTV, 57 % pour CNews et 55 % pour France Info. Un signal faible qui n’attend qu’à être confirmé ces prochains mois.

Campagne contre campagne(s)

Le 17 novembre, LCI a lancé une campagne publicitaire dédiée à cette remontée d’audience : « En économie, on appelle ça un leadership absolu  », 1ʳᵉ chaîne info sur la tranche du 18h-0h au mois d’octobre. Le 23 novembre, BFMTV rétorque, avec cette accroche : « En économie, on appelle ça un leadership absolu  », en prenant les audiences d’un an sur l’ensemble de la journée.

Selon nos informations, aucune autre campagne de ce genre ne verra le jour. D’autres médias profitent de cet appel d’air pour communiquer. M6 se greffe à cet échange : « En économie, faites confiance à Capital  ». Et maintenant, à qui le tour ?

Vincent Thobel

 

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