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TF1/M6 : la fusion est annulée, « plus aucune logique industrielle »

TF1/M6 : la fusion est annulée, « plus aucune logique industrielle »
La nouvelle a retenti comme un coup de tonnerre et sonne l’épilogue d’un dossier qui aura animé le monde des médias depuis la fin du printemps. TF1 et M6 ont annoncé vendredi soir, après la clôture de la Bourse de Paris, l’abandon de leur projet de fusion, jugeant qu’il ne présentait « plus aucune logique industrielle ». Conséquence immédiate : Bertelsmann va devoir trouver un nouvel acquéreur pour M6, Altice ne pourra pas reprendre TFX et 6Ter. La SACD critique cet abandon.
 
L’union entre la première et la troisième chaînes du paysage audiovisuel français aurait pu faire émerger un mastodonte, dépassant France TV, avec plus de 30% de part d’audience et représentant 75% du marché publicitaire de la télévision.
Mais en raison des concessions réclamées par l’Autorité de la concurrence, notamment la cession de la chaîne TF1 ou de la chaîne M6, les quatre parties impliquées ont jeté l’éponge.
 
Puisque « seuls des remèdes structurels concernant a minima la cession de la chaîne TF1 ou de la chaîne M6 seraient de nature à permettre l’autorisation de l’opération, (…) le projet ne présentait plus aucune logique industrielle », ont estimé Bouygues et sa chaîne TF1 ainsi que M6 et RTL Group dans un communiqué commun.
 
L’Autorité de la concurrence, qui a pris acte de l’annonce, avait mené début septembre, à huis clos, deux jours d’auditions des parties intéressées par la fusion, et devait rendre sa décision mi-octobre. Ses services d’instruction avaient alors réitéré leur position de fin juillet, plutôt défavorable.
 
Pas de reprise des chaînes TFX et 6Ter par Altice
 
Le gendarme de l’audiovisuel, l’Arcom, a également pris acte de la décision de vendredi. Début septembre, il avait validé l’acquisition par l’opérateur Altice des chaînes TFX et M6 Génération (6ter), dont les groupes TF1 et M6 souhaitaient se séparer afin de pouvoir fusionner. Ce rachat était conditionné à leur mariage.
 
Bertelsmann va devoir trouver un nouvel acquéreur
 
Autre conséquence, l’Allemand Bertelsmann, actionnaire de RTL Group, devra trouver au plus vite un nouvel acquéreur pour M6 car l’autorisation d’émettre de la chaîne expire en mai 2023. Une fois celle-ci renouvelée, tout changement d’actionnaire sera interdit pendant 5 ans. Plusieurs acquéreurs pourraient repartir à l’assaut de M6 : Xavier Niel avec le producteur Mediawann, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky (qui possède le groupe de presse CMI) ou encore l’italien Mediaset. Certains groupes NRJ, Alain Weill ou Altice seraient intéressés par certaines chaînes du groupe.
 
Une fusion qui divisait le secteur
 
Certains soutenaient l’union face à la concurrence américaine et notamment les acteurs du streaming (Netflix, Disney, Amazon ou même YouTube et Tiktok).
 
Le succès de Netflix, qui prévoit comme son homologue Disney+ de lancer dès cette année une offre moins chère financée par la publicité, servait notamment de justification à l’opération.
D’autres, comme l’Union des marques qui représente les annonceurs, s’inquiétaient de l’influence d’un mastodonte de la télé qui risquait de limiter la concurrence sur le marché de la publicité.
 
Déjà des regrets ?
 
Les quatre parties concernées ont déploré dans leur communiqué « que l’Autorité de la Concurrence n’ait pas pris en compte l’ampleur et la vitesse des mutations du secteur de l’audiovisuel français », soulignant que la fusion aurait été « une réponse appropriée (…) à la concurrence accélérée avec les plateformes internationales ».
 
Comme pour répondre à ces inquiétudes, l’Autorité de la Concurrence a rappelé que “la télévision reste un média très puissant », y compris auprès « des personnes âgées de 25 à 49 ans, qui constituent la principale cible commerciale des annonceurs ». Le développement des plateformes « ne permet pas, à un horizon prévisible, de remettre en cause cette puissance », a-t-elle indiqué.
 
Mais l’abandon de la fusion suscite déjà des critiques, le directeur général de la SACD, qui représente les auteurs, estimant que l’Autorité de la concurrence gérait ses dossiers « avec les yeux dans le rétroviseur ».
 
« Quand on pense aux contraintes imposées à Salto qui fait face à Netflix Disney et Prime video, Il vaut mieux rire que pleurer », a tweeté Pascal Rogard.
 
(Avec AFP)

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